Dégazage des lacs Nyos et Monoun : sur la voie du succès

Dégazage des lacs Nyos et Monoun : sur la voie du succès

Le projet de dégazage des « Lacs tueurs » camerounais, s’il est aujourd’hui pleinement entré dans sa phase active, ne date pas d’hier. Peu après la catastrophe du lac Nyos qui a fait plus de 1700 victimes en août 1986, un projet très élaboré a été rédigé en avril 1987 par la Délégation aux Risques Majeurs du Ministère de l’Environnement français, sous la conduite de JC Sabroux, projet qui a pris le nom des « Orgues de Nyos ».

Cette initiative a été poursuivie par l’équipe française avec ténacité et malgré de nombreux obstacles au travers de plusieurs campagnes expérimentales :

  1. 1990 : première mise en évidence du mécanisme d’auto siphon utilisant des tuyaux de 1 cm de diamètre,
  2. 1992 : première campagne expérimentale à Monoun de dégazage en taille industrielle (tubes de 50 et 140 mm),
  3. 1995 : première campagne expérimentale à Nyos en taille industrielle (tubes de 140 mm).

Les bases scientifiques et techniques du dispositif de dégazage étaient alors bien assises ; les codes de calculs avaient été validés par les expériences ; les matériaux utilisés avaient répondus à nos exigences.

Il a fallu néanmoins attendre 2001 pour que les financements nécessaires soient réunis pour lancer la première colonne industrielle de dégazage du lac Nyos, et 2003 (une colonne), puis 2006 (deux colonnes) pour répéter cette opération (à une échelle plus réduite) sur le lac Monoun.

On pourra noter que cette réalisation, qui est aujourd’hui reconnue de manière unanime comme une réussite exceptionnelle, a néanmoins trouvé à ses débuts des détracteurs qui ont affirmé que nous jouions les « apprentis sorciers » et que notre action allait déstabiliser les lacs et conduire à une nouvelle catastrophe. Si les autorités camerounaises avaient alors suivi les conseils de ces scientifiques alarmistes, la situation serait aujourd’hui réellement critique pour le cas du lac Nyos ; quant au lac Monoun, on peut raisonnablement penser qu’il aurait déjà explosé en laissant derrière lui son terrible bilan de victimes humaines.

Maintenant, il reste bien quelques grincheux qui prétendent que le dégazage ne se produit pas assez rapidement et que « si on avait suivi leurs avis » il aurait fallu procéder différemment. Il est toujours facile de critiquer lorsqu’on est en position d’observateur et que l’on ne met pas « les mains dans le cambouis ».
Pour notre équipe franco-camerounaise, c’est vraiment un sentiment de fierté qui nous rempli aujourd’hui : notre Mère Nature, malgré son infinie puissance, a été tenue en échec dans son action si souvent dévastatrice. Il s’agit d’un événement quasiment unique dans les annales de la lutte contre les risques naturels et qui mérite à ce titre d’être relevé.

En résumé :
Le dégazage du lac Monoun qui a débuté en février 2003 se poursuit rapidement et devrait être pratiquement terminé en juin 2007.
La situation est sous contrôle au lac Nyos : la colonne de dégazage mise en route en avril 2001 fonctionne parfaitement (cf. images transmises deux fois par jour par transmission satellite) et a permis de stopper le processus d’enrichissement en gaz dissous des couches profondes du lac. Une énorme quantité de gaz reste cependant dissoute dans le lac. Deux nouvelles colonnes de diamètre plus important devraient être installées en 2007/2008 : le lac pourra alors être considéré comme inoffensif après un délai de l’ordre de 3 à 4 ans.