Le dégazage sous la surface du lacLe
méthane étant 25 fois moins soluble dans l'eau que le gaz carbonique,
son ex-solution devrait se produire avant celle du CO2. En fait, si les deux gaz
se comportaient de manière indépendante, les premières bulles
de méthane devraient apparaître vers 120 m de profondeur alors que
celles de gaz carbonique devraient se former seulement aux environs de 15 m. Apparemment,
en positionnant le séparateur à cette profondeur on devrait obtenir
du méthane pur, le CO2 restant dissout dans l'eau. Ce raccourci théorique
est évidemment incorrect car il ne prend pas en considération l'établissement
des équilibres entre les espèces chimiques : lorsqu'une bulle se
forme, l'ensemble des gaz dissous diffuse dans la bulle jusqu'à l'obtention
d'un équilibre des pressions partielles avec l'eau. Dès qu'une bulle
de méthane apparaît l'instabilité ainsi créée
fait passer d'autres espèces dissoutes à l'état gazeux jusqu'à
ce que l'équilibre des pressions partielles soit réalisé
à l'intérieur de la bulle et dans le liquide. Cette remarque
importante est cependant délicate à quantifier avec exactitude :
le calcul du comportement du fluide diphasique en mouvement dans la colonne de
dégazage est en effet difficile à réaliser, compte tenu du
grand nombre de paramètres mis en en jeu. Il est pourtant avéré
qu'en procédant à une séparation gaz-liquide sous pression,
c'est-à-dire en immergeant le séparateur en profondeur, la richesse
en méthane du mélange sera nettement supérieure à
celle obtenue pour un séparateur disposé en surface. Les conclusions
de la majorité des projets depuis une trentaine d'années vont dans
ce sens. D'autre part, du fait qu'une grande partie du CO2 reste en solution
lorsqu'on opère en profondeur, les volumes de gaz à traiter sont
moins importants. Les opérations successives de lavage peuvent être
redimensionnées afin d'obtenir un gaz d'autant plus enrichi en méthane.
Malheureusement, deux points négatifs sont à considérer. -
Premièrement, les volumes de gaz résultant de l'ex-solution étant
réduits, la force motrice d'auto pompage s'en trouve diminuée d'autant.
- Deuxièmement, la séparation liquide-gaz en profondeur augmente
la quantité de méthane restant en solution dans l'eau d'où
une baisse de la quantité totale de méthane potentiellement récupérable.
| Perte
en méthane, débit de gaz et critère de choix énergétiqueLa
diminution du débit volumique de gaz avec l'augmentation de la profondeur
du séparateur a une importance majeure dans la conception globale du système.
En effet l'efficacité du lavage et son coût énergétique
dépendent directement du volume de gaz à traiter. En diminuant cette
quantité de gaz, la quantité d'eau de lavage nécessaire est
diminuée d'autant, d'où un gain de dimensionnement de la colonne
de lavage. Pour minimiser les quantités de gaz à laver, il
semble qu'une profondeur minimum de 10 m soit requise. Mais plus la séparation
gaz-liquide se fait en profondeur, plus on perd de méthane, qui reste en
solution. La profondeur serait alors largement limitée par ce phénomène
de non-ex-solution du méthane. La perte devant être minimisée,
il semble qu'une profondeur maximum de 30 m représente la limite d'exploitation. Il
est intéressant d'évaluer les variations de rendement énergétique
du système en fonction de la profondeur d'installation du séparateur.
Ce critère permet de mettre en évidence la nécessité
de ne pas chercher à travailler trop profondément. En effet, un
calcul basé sur les débits gazeux et liquide permet d'estimer à
13 % la perte potentielle d'énergie pour une augmentation de 5 m de la
profondeur. Si l'extraction et le lavage du gaz sous la surface du lac
semblent la solution la plus pertinente, il convient néanmoins de ne pas
exagérer les bienfaits d'une telle méthode. Les pertes en méthane
extractible sont telles que le rendement énergétique s'en trouve
largement pénalisé. |